Un peu de bon sens

Comment prévenir les incidents ?

Cet été, entre le 1er juin et le 31 août, les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage ont coordonné 3 208 opérations de sauvetage ou d’assistance au profit de plaisanciers ou de pratiquants de loisirs nautiques. Parmi ces opérations, nombreuses sont celles ayant pour origine une négligence et dont les conséquences vont de la mobilisation de moyens coûteux s’agissant des incidents à un bilan humain parfois dramatique pour les accidents.

Les incidents sont des événements inattendus et fortuits d’une faible gravité en eux-mêmes. Quelques chiffres permettent de se faire une idée de la marge de progrès en ce qui concerne leur prévention :

  • 195 opérations trouvent leur origine dans des ruptures de mouillages ;
  • 35% des voiliers concernés par une opération le sont du fait d’une avarie du système de propulsion (concrètement : une panne de moteur ou de carburant) ;
  • 110 opérations ont été déclenchées sans aucune avarie, à la suite de la simple inexpérience du pratiquant ;
  • sur les 1 532 navires à moteur de moins de 8 mètres impliqués dans une opération coordonnée par un CROSS, 1 012, soit les deux-tiers, ont fait l'objet d’une d’assistance et non d’un sauvetage.

Ces opérations représentent un coût important, tant pour la collectivité, du fait de l’engagement de moyens nautiques et aériens, que pour les plaisanciers. En effet, si le sauvetage des personnes est gratuit, l’assistance aux biens ne l’est pas, l’assistant fixant librement le tarif du remorquage au sein de la convention d’assistance.

Les accidents sont des événements imprévus et fortuits aux conséquences matérielles ou humaines graves. Sur un navire, il s’agit par exemple d’une chute à la mer. Lorsqu’une telle chute survient de nuit, elle donne lieu, dans 37% des cas, à un décès.

Chacun peut contribuer à l’amélioration de la sécurité en mer en adoptant les bons réflexes afin, d’une part, de prévenir la survenance d'un incident ou d'un accident et, d’autre part, d’en limiter, le cas échéant, les conséquences. Dans le premier cas, on parle de mesures de prévention, dans le second, de mesures de protection. Dans les deux cas, le message est le même : Pour naviguer en sécurité, je me forme et je m’informe.

Pratiquer en sécurité une activité de plaisance ou de loisir nautique requiert d’abord un minimum de compétence technique, et donc de formation.

Ce qui apparaît évident pour certaines d’entre elles (kite-surf) l’est malheureusement parfois moins pour d’autres, telles que la voile, le stand-up paddle ou le kayak de mer.

Dans ces trois derniers cas, l’impact du vent et du courant, même faibles, n’est pas immédiatement appréhendé par des novices alors même que ces éléments peuvent rapidement amener leurs pratiquants à s’éloigner considérablement d’un abri. De même, la manoeuvre permettant de récupérer une personne tombée à la mer suppose un apprentissage.

Se former est nécessaire, pas suffisant. Avant de se lancer, il faut également s’informer afin de pouvoir évaluer :

  • l’état du milieu : prévisions météorologiques, horaires des marées, zones de pratique de son activité, dangers particuliers signalés sur celle-ci ;

  • l’état de la réglementation : s’agissant, d’une part, de la composition du matériel d’armement et de sécurité obligatoire et, d’autre part, des limites de navigation propres à son activité, la consultation de la division 240 du règlement annexé à l’arrêté du 23 novembre 1987 relatif à la sécurité des navires est indispensable.

  • l’état de son matériel : inspecter la coque de son navire après un hivernage permet d’en déceler les fissures et ainsi de prévenir la survenance d’une voie d’eau. Vérifier l’état de sa ligne de mouillage permet d’en prévenir la rupture. S’assurer de la présence de harnais et de ligne de vie fonctionnels permettent de prévenir une chute à la mer ;

  • et enfin, en fonction de sa condition physique, sa capacité à pratiquer en sécurité.

Sur tous ces points, il appartient au chef de bord de s’informer afin de prendre les bonnes décisions. Il n’est en effet pas seulement chargé de la conduite du navire : sa responsabilité s’étend au respect des règlements et de la sécurité des personnes embarquées. C’est donc à lui de s’assurer que tous les équipements et matériels de sécurité sont embarqués, en état de validité, adaptés à l’équipage et en bon état. C’est également à lui de les mettre en oeuvre lorsque les conditions l’exigent. L’importance du port du gilet de sauvetage doit ici être soulignée. Parfois obligatoire, par exemple lors de la pratique du jet-ski, cette mesure de protection doit devenir un réflexe, même lorsqu’elle n’est que facultative. Il en va ainsi lors des courts trajets effectués à bord d’une annexe entre son navire porteur et un abri.

Enfin, au-delà du seul strict respect de la réglementation, c’est également au bon sens marin et au civisme qu’il peut être fait appel, notamment pour éviter de déclencher inutilement des opérations.

En effet, du 1er juin au 30 août 2018, sur les 124 opérations impliquant un kite, 26 se sont avérées être des fausses alertes et 8 ont été déclenchées à la suite d’une incertitude.

Tel est le cas lorsque du matériel de kite est retrouvé sur le rivage après que son pratiquant s’en est libéré afin de ne pas être emporté au large, puis est revenu à terre sans pouvoir le récupérer immédiatement.

Il est en conséquence recommandé au kite-surfer :

  • de procéder au marquage de sa voile et de son flotteur d’un moyen permettant d’en identifier le propriétaire ;
  • de prévenir le CROSS (en appelant le 196) pour lui décrire son matériel lorsque, parvenu à rejoindre la plage par ses propres moyens, il a été contraint de l’abandonner en mer.
Article publié le 27/09/2018.